Aujourd’hui j’aimerais écrire un texte sur le harcèlement que j’ai subi lorsque j’étais au collège. Je vous expliquerais en bas pourquoi j’ai décidé d’aborder ce sujet cher à mon cœur.
Quand je suis arrivée en 4ème tout allait plus ou moins bien. J’avais passé deux belles années en 6ème et en 5ème comparé au supplice de la dernière année d’école primaire donc j’étais assez contente.
Mais ça n’a point duré longtemps : une fille de grande taille et au visage glacial a commencé à s’en prendre à moi. Je ne sais pas quelle en a été la raison, peut-être que j’avais dit quelque chose qui ne lui a pas plu, je ne suis pas certaine de comment ça a commencé mais en tout cas ça a commencé et pas sympathiquement. Comme elle faisait flipper, je n’étais pas la seule a avoir un peu peur d’elle.
Insultes, moqueries, humiliations, elle demandait régulièrement aux garçons assis derrière moi en classe de donner des coups dans ma chaise pour m’emmerder.
Evidemment j’étais tellement mal que protester et leur gueuler dessus ne m’était pas possible. Encore moins suivre le cours d’anglais qui avait lieu. Alors je baissais la tête et les yeux et j’attendais que le cours se finisse en retenant mes larmes et ma peine. Je me demande encore aujourd’hui comment ce harcèlement n’ai jamais été remarqué par les professeurs ou les surveillants. Mes camarades de classe étaient souvent spectateurs de ce cirque cruel mais personne ne disait rien, personne ne faisait rien.
Je me souviens d’un jour, je crois que c’était en cours de maths où les élèves commençaient à s’installer à leur place respectives avant le début de la classe et elle m’a lancé un ‘’salope’’ au visage.
Comment expliquer à une fille de 12 ans qu’insulter une petite gamine blonde et triste de salope n’est disons pas seulement le qualificatif le plus adéquat mais que c’est d’une extrême violence. Parfois je me dis que les mots peuvent blesser plus que des coups.
Le jour du début de la fin de cette mésaventure qui a duré quelques temps et qui a grandement pourri mon quotidien a débuté normalement : se lever, manger les céréales le matin, mettre son sac sur le dos, marcher jusqu’au collège, entendre la sonnerie, aller en cours. Ce qui a été diffèrent des autres jours était le fait d’apprendre par un sous- fifre de la folle furieuse que j’allais me faire tabasser après l’école, vers 16h donc. Et c’est là que j’ai réalisé que je ne pouvais plus me taire face au problème. Que là, il y avait réel danger pour ma poire.
Et donc ce fut le difficile moment où j’ai dù en parler à un adulte. Je crois que j’avais appris mon planning de fin de journée en cours de physique et vu que c’était le dernier cours de la journée, si je sortais de la je risquais d’avoir mal. Donc j’en ai parlé à cette prof un peu blasée de la vie de ma situation, lui demandant d’appeler ma mère, qu’elle vienne me chercher au collège. La prof en question m’a dit quelque chose du style ‘’ mais pourquoi vous n’en avez pas parlé plus tôt, c’est grave’’ blablabli, en gros elle tombait des nues.
Je ne sais plus vraiment ce qui s’est passé ce jour-là mais en gros ma mère a appelé sa mère, y a eu un gros scandale de dingue si bien qu’au bout de quelques temps, l’harceleuse est venue dire ‘’Je suis désolée’’ et ma mère m’avait prévenu, avant que le jour fatidique des excuses n’arrive, de répondre clairement TOUT sauf ‘’c’est pas grave’’.
Et après tout ce bordel, étrangement, mes bourreaux ont été doux comme des agneaux avec moi et on m’a plus emmerdé et j’ai pu passer une année de 3ème sympa.
J’ai perdu beaucoup d’estime et de confiance en moi lors de cette période. Je pense que quand on est déjà un enfant un peu sensible, qui se sent diffèrent des autres et rarement à sa place ce genre d’expérience peut réellement faire des dégâts. Heureusement, ma vie aujourd’hui ne ressemble en rien à ma vie de fillette harcelée. Je me dis qu’a cause de ce qui s’est passé j’ai appris à bâtir des murs autour de moi et je ne laissais que quelques personnes passer par la porte pour entrer dans mon univers, ceux en qui je pouvais vraiment avoir confiance. J’ai aussi appris que j’étais plus forte que je ne l’aurais pensé.
Je n’ai pas parlé d’une personne essentielle lorsque ces choses me sont arrivées. Sans cette personne dans ma vie, à ce moment-là où j’étais en souffrance je ne sais pas ce que j’aurais fait, ce que je serais devenue. Il s’agit de Caroline. C’était ma meilleure amie du collège. Et même si on a pris des chemins différents après le collège, je tiens à dire a quel point elle m’a donné force, espoir et confiance grâce à son amitié et à sa présence à mes côtés. Ma meilleure amie était là quand je me faisais insulter, pousser, rejeter, moquer. Elle continuait à rester avec moi, à vouloir me voir, à vouloir de moi quand personne d’autre ne voulait de moi et pour cela je lui en serait éternellement reconnaissante. Dios, j’ai même des larmes qui coulent en écrivant ce passage émouvant.
Ce que je voulais dire avec cet article en fait c’est que le harcèlement c’est pas quelque chose de nouveau, ça a existé bien avant moi, ça existe encore aujourd’hui (de façon amplifiée même, via les réseaux sociaux etc.).
Avec cet article je n’attends pas à ce qu’on ait pitié de moi ou qu’on dénonce l’injustice de ce que beaucoup de personnes, qu’ils soient enfants ou adultes finalement, peuvent vivre à cause de la méchanceté et cruauté des autres. Ce que je veux dénoncer en décrivant un épisode très intime de ma vie c’est combien il est ESSENTIEL de réagir lorsqu’on voit quelqu’un être victime d’harcèlement. JE CAUSE DE N’IMPORTE QUEL TYPE D’HARCELEMENT (sexuel, scolaire, physique, verbal, en ligne…). C’est tellement important. Parfois c’est difficile pour la victime d’en parler mais il est essentiel, pour sortir de ce cercle vicieux de se donner de la voix et surtout de l’importance. Dire ‘’ Je suis important et ce qui m’arrive n’est pas juste. Je ne mérite pas cela’’. Personne ne mérite cela. On a pas besoin d’humiliation pour grandir, pour évoluer, pour devenir la meilleure version de nous-même, pour s’aimer. Le harcèlement sert encore plus à nous rapetisser, à nous détester, à nous introduire une petite voix qui nous critique sans cesse ‘’T’es pas assez bien, tu ne le seras jamais ».
Souvent je me suis dit si je devenais prof ou si je faisais des interventions dans les écoles la première chose que j’aborderais serait ce sujet-là. Car c’est trop important. Je me suis déjà imaginée devant des élevés en leur disant ‘’ la première chose que vous devez savoir c’est qu’ici on se respecte. On est pas oblige de s’aimer mais on se tolère, on fait équipe ensemble. Nous avons nos différences, nos propres caractères et personnalités mais ça n’enlève en rien la caractère bienveillant que je veux instaurer ici. Considérez cette classe comme une seconde famille où on s’entraide et s’écoute ». Alors oui, pour certaines personnes se discours pourrait faire légèrement sourire mais si vous saviez comme, tout au fond de mes tripes j’ai besoin de voir cela dans ce monde. J’ai besoin d’environnements où on ne se sent pas continuellement jugés, comparés, critiqués pour la moindre ‘’erreur’’ ou la moindre « bizarrerie ». C’est tellement épuisant d’être mesquin. Soyons gentils les uns envers les autres. Regardons nous, acceptons nous PLEASE.
N’hésitez pas à partager vos propres histoires sur le harcèlent qu’il est été vécu par vous ou des personnes que vous connaissez et comment les victimes s’en sont sorties.
Je vous embrasse. Vous êtes importants.
Alice
très joli article bisous
Merci ma jolie Loraine !